On rêve parfois d’avoir une baguette magique à portée de main qui nous permettrait de réparer nos erreurs et les injustices. Ces erreurs humaines qui en un instant font que l’un des piliers, sur lequel vous avez battit tant de chose et grâce auquel votre vie est ce qu’elle est, s’effondre. Mon souhait le plus cher ce jour-là était d’avoir une de ces baguettes… Mais au fond rien ne peut remplacer l’humain et ses choix, mauvais ou bons. La nouvelle avait était pareil à une claque que l’on se reçoit en pleine joue ou une bombe qui tombe sur vous à l’improviste, au choix. Un cancer, un cancer des poumons. Malgré mes dix-huit ans, mes connaissances sur le sujet restaient assez vagues alors pour moi ce qui venait de se produire n’était pas logique. Ma mère n’avait jamais fumée. Jamais. Je savais aussi quelle était le dénouement à son état. Ce même état qui se dégradait de jour en jour, sa maladie la mangeait de l’intérieur et pourtant je ne voulais pas voir les choses, le déni. Ma mère avait perdu ses cheveux à cause de la chimiothérapie mais pour elle restait la femme la plus belle de tout Graham et sûrement du monde ! Si j’avais pu, j’aurais certainement voué un culte à mère… Non, le pire moment de la maladie fut le jour où, sur ordre du médecin, ma mère n’avait plus d’autre choix que de rester cloîtrée à l’intérieur. Je savais qu’elle voulait être forte pour nous : moi, Eden et mon père, mais, il ne fallait pas être un génie pour savoir ce qu’il en était en réalité. Alors le moment que je redoutais tant arriva. Le décès d’un être aimé détruit une partie de vous à jamais. C’était trop tôt, j’étais trop jeune pour assumer le poids qui venait de s’abattre sur mes épaules. Le jour de l’enterrement mes sentiments étaient partagés, tristesse et colère. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi maintenant et pourquoi ma mère. Qu’avait-elle fait pour mériter un tel châtiment ? La tristesse. Je n’avais que faire de ces petits préceptes bien moraux et bien tournés du genre « toutes mes condoléances » que les habitants ne cessaient de répéter encore et encore. Les condoléances de ces personnes n’allaient pas faire ramener ma mère !

Mon père n’était pas d’un réel secours, il était dévasté et veuf. Je le comprenais, au fond c’était nouveau pour lui. Il avait à sa charge deux enfants désorientés et il était seul. Alors je devais être fort et surtout pour Eden, elle n’avait que treize ans et j’étais le grand-frère. J’allais remplir pleinement le devoir qui m’était d’accomplir. J’essayais d’apporter au mieux à ma sœur le soutien dont elle avait besoin, mais je crois que je n’ai pas réellement réussi. Je l’ai vu changer, et pas seulement mentalement mais aussi physiquement. Je n’ai jamais compris pourquoi elle avait tenu à se faire des mèches roses bonbons et j’en voulais inconsciemment à ce Dorian qui avait osé faire ça aux cheveux de ma petite sœur. Mais, je ne disais rien. On a tous une manière de différente de réagir suite un tel évènement. Les soi-disant sept étapes du deuil. Le choc, le déni, la colère, la tristesse, la résignation, l’acceptation et la reconstruction. Personnellement je suppose qu’on me situait dans le passage transitoire de la colère à la tristesse. J’avais toujours regardé d’un mauvais œil les changements de ma sœur, tout en sachant pertinemment que je n’avais rien à redire. J’espérais simplement qu’elle allait revenir un jour à la maison sans ses mèches roses.

« Tu es en retard, encore. » Je m’appelle Matt, j’ai vingt-huit ans, je suis passé à la septième étape depuis déjà pas mal de temps et je suis un homme comblé. L’air réprobateur je regardais ma sœur arrivait une énième fois en retard au ranch, parce que oui elle avait réussi à vaincre sa « peur ». Ahh, j’étais le type le plus heureux du monde quand je l’ai revu sur un cheval ! De mon côté j’ai pas mal évolué au cours de ces derniers années. Surtout à partir de 2009. Ouais, au risque de paraitre totalement kitch, je suis tombé amoureux. Une deuxième fois et de la bonne cette fois-ci. Qui aurait pu prétendre qu’un jour j’allais tomber sous le charme d’une amie de ma sœur. Pourtant ce n’était pas gagné d’avance, il faut dire qu’au début Aeryn n’était pas la fille la plus appréciable de la ville. On dit qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et je suis heureux qu’elle ait changée ! Je me fiche de savoir ce qu’elle était avant, elle m’a dit oui et c’est la seule chose qui compte pour moi ! Il a juste un détail qui m’énerve un peu, la relation entre ma sœur et Noah. Ces deux-là se rapproche chaque jour un peu trop à mon goût et je n’hésiterai pas à remettre mon ami à sa place s’il dépasse la ligne. Bah quoi ? C’est ma petite sœur tout de même et si ça ne tenait qu’à moi… Enfin voilà !